Renouveau et tournant pour Princesse Erika qui change de maison de disques et aborde une phase importante de sa carrière avec ce nouvel album "Tant Qu'il Y Aura". Enregistré en Jamaïque, mixé en Angleterre, Erika y mélange le groove d'une rythmique rasta légendaire et la pertinence de textes qui font mouche auprès de toutes les générations.
Revenons d'abord à vos tout débuts de chanteuse. Avant même d'être choriste pour Maxime Le Forestier, vous avez eu très tôt le pied à l'étrier.
Mon premier groupe, c'était avec mes soeurs. Un combo qui s'appelait "Black Earth Daugther" : percussions, guitares sèches, claviers et voix. L'une de mes soeurs Esther continue puisque maintenant elle tourne avec Manu Dibango. C'est elle qu'on entend sur le titre "A La Clairefontaine" sur le dernier CD de Manu. Elle a tourné aussi avec Mylène Farmer et dans le milieu gospel. Mais ça ne lui laisse pas beaucoup de temps pour se consacrer à ses propres chansons.
On allait dans pas mal de sound-systems et de temps en temps je prenais le micro, quand les mecs voulaient bien nous le laisser... (sourire). C'est à cette époque que j'ai écrit "Trop de Blah-Blah". Les rastas sont "graves" avec les femmes. C'est un milieu beaucoup plus macho qu'on ne le croit. Et encore, moi j'étais à l'époque avec un mec plutôt cool. Mais ça me mettait les nerfs en pelote de voir les mecs monopoliser la parole et le chant.
Et maintenant, vous voilà en train d'enregistrer votre nouvel album à Kingston Jamaïque. Belle revanche sur les toasters machos...
(rires)
Oui ! Et avec Sly & Robbie, les stars de la reggae music ! C'était génial ! Mon premier voyage en Jamaïque. Quand j'étais môme, j'écoutais du reggae à fond. Et c'était un délire pour moi d'aller voir sur place les rastas jamaïcains. Mais je ne voulais pas le faire trop tôt. Je sentais que j'avais besoin d'une sorte de maturation artistique avec mes amis musiciens, mon équipe. J'avais envie d'aller là-bas avec un bagage, un background conséquent. Du coup, ça c'est super bien passé... Ce sont des amours, super gentils et coooool ! Le premier jour, quand je suis arrivée au studio, ils étaient tous là, en train de m'attendre pour m'accueillir le mieux possible. Savoir comment je voulais bosser, comment aborder les textes, etc.
Il y a pas mal de "private jokes" sur cet album notamment une conversation entre vous et une copine à propos du footballeur français Emmanuel Petit. On peut savoir ?...
On était folles pendant la Coupe du Monde. Malheureusement, j'étais en train d'enregistrer à cette époque. Et je me suis retrouvée seule dans mon hôtel à regarder les matchs à la télé. Du coup, j'appelais mes copines en France pour commenter les matchs avec elles et surtout les qualités mmm..., disons... athlétiques de certains joueurs. D'où cette conversation à propos de Manu Petit dont j'aimerais bien trouver le numéro de téléphone (rires).
"La Nouvelle Génération", le premier single, tiré de l'album, traite de l'espoir disparu des jeunes. De quelle génération s'agit-il ?
Ce sont ces adolescents qui ont une vision du monde tellement faussée et réductrice ! Pitbulls, flingues, argent facile, filles et tout le tralala. Pour eux, l'avenir est tellement réduit, l'espoir tellement faible qu'ils pensent que la meilleure solution pour eux c'est la voie de la facilité. Moi, je vois mon fils qui a quatorze ans. Il est tellement désespéré ! Enfin non, parce qu'il a sa môman, qui est là et qui l'aime. Mais les mômes de son âge qui vont réussir à s'en sortir ce sont ceux qui sont coachés par leurs parents. Sinon c'est fini...
Il y a une telle disproportion entre ce qu'on leur propose de devenir et les moyens qu'on leur donne pour y parvenir... Moi, je vis dans une ZEP (Zone d'Éducation Prioritaire). Ça veut dire qu'il y a des moyens supplémentaires pour aider à l'éducation, à la formation des jeunes. Un encadrement conséquent, quoi... Parce que dans l'école où va mon fils, il a des camarades maliens dont la mère ne parle même pas français. Tu imagines ce que ça doit être le soir pour réviser !... Alors après, quand on parle d'égalité des chances !... Pour s'intégrer dans le système, il faut vraiment être soutenu à tous les points de vue. Comment veux-tu qu'une caissière ou une femme de ménage qui rentre crevée le soir du boulot soutienne, aide, écoute son gamin, alors qu'elle doit se coucher pour repartir tôt le lendemain ?
D'où le désespoir de cette "Nouvelle Génération", qui voit la vie facile à la télé.
Vous avez raté votre vocation. Vous auriez dû être conseillère d'orientation ou institutrice...
J'ai toujours rêvé d'être institutrice. Faire quelque chose pour les enfants où je puisse leur parler. Apporter quelques chose à ceux qui sont en difficulté matériel, moral ou scolaire. Des mômes, qui sont livrés à eux-mêmes. Je le vois à travers mon fils. Ils ont beaucoup de problèmes de communication, un stress énorme que je n'avais pas à leur âge. Ils sont désabusés. J'aimerais pouvoir embellir leur vie en discutant avec eux, en leur faisant découvrir les bons côtés de la vie.
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